Voyance et dangers : comment influe-t-elle sur le psychisme ?

On en parle ou on s’en cache. On y court ou on la fuit. La voyance est ainsi : Méprisée ou adulée, elle fait couler beaucoup d’encre. Enquête sur un véritable phénomène de société.

Voyance Dangers

La voyance à l'ère d’internet : entre réconfort et scepticisme

L’heure des incertitudes sur l'avenir, on s'engouffre dans les cabinets de voyance, virtuels ou physiques. Sous couvert de questions anodines, on livre ses angoisses. La voyance nous soumet en retour ses visions et révèle nos secrets. Elle est attentive et agit sur nos esprits en toute sérénité.

Pour une meilleure acceptation de nous-mêmes. Guérisseuse de l'âme ou simple réconfort ? "Consultation en ligne à 0.35 euros la minute." Sofia et Aude sont présentes sur le service pour répondre aux questions qui nous préoccupent concernant notre avenir. « Vais-je retrouver un emploi ? » « Je viens de rencontrer quelqu'un, est-ce que ça va fonctionner ? »

À ces interrogations, la réponse varie peu. Elle tient en une phrase et sur la pertinence du mode "oui, je crois que, oui je pense que". La voyance à l'ère digitale, avec ses plateformes en ligne, a peu de chance de convaincre sans une approche significative et personnalisée.

Voyance : un pont vers la thérapie et la compréhension de soi

Pourtant, la voyance existe bel et bien. Du moins, à partir du moment où notre esprit rationaliste lui donne la chance d'exister. Et les buts qu'elle sert ont de quoi surprendre nos idées reçues.

Car, hormis son aspect purement prédictif, la voyance est aussi cela : une hypersensibilité au service de nos maux. On va chez un voyant parce qu'on est dans une impasse, de la même façon que l'on se rendrait chez un psychothérapeute. Le voyant a un rôle thérapeutique à jouer dans la société occidentale, où il occupe une sorte de position intermédiaire : Il représente une étape pour ceux qui n'osent pas consulter un psychothérapeute et qui finiront par le faire s'ils n'ont pas résolu leur problème.

C'est aussi et surtout une réponse "immédiate" qu'espère trouver le consultant en s'adressant à un voyant. Parce qu'une autre dimension entre en jeu : la voyance elle-même. Elle permet de voir ce qui est arrivé dans la vie du consultant. De révéler des événements occultés de sa conscience. Le consultant est mis à nu, découvert, ressenti comme il ne l'aurait peut-être jamais soupçonné. Dès cet instant, il est prêt à "entendre l'énoncé du voyant.

Certains voyants prennent en charge le consultant, interprètent ses choix, expliquent ses angoisses. Cette attitude peut avoir des effets thérapeutiques, quand cela se passe bien. Et en particulier si le voyant est positif, à l'écoute et intuitif.

La place de la psychologie dans la voyance

On touche là le cœur du problème. Il n'y a pas d'aide thérapeutique possible, si le voyant n'est pas "formé" à la psychologie, s'il n'a pas effectué un travail en profondeur sur lui-même et s'il ne met pas son talent au service du consultant, dans un but positif. Trop de voyants utilisent leur formation psychologique, lorsqu'ils en ont une, à rendre leurs consultants dépendants d'eux. C'est ainsi qu'ils se forgent une clientèle. Cette approche est une escroquerie.

En revanche, si la voyance a des effets thérapeutiques, les voyants ne sont pas psychothérapeutes pour autant et ne prétendent pas les remplacer. À chacun son travail. Si un consultant a besoin d'une psychothérapie, on l'oriente vers le médecin concerné.  Le voyant est là pour prédire l'avenir, grâce au passé, non pour soigner les troubles psychiques, qui ne relèvent pas de sa compétence.

Cependant, les voyants s'accordent à reconnaître que leur travail a pu changer la vie de leurs consultants. Nombreux sont les témoignages, les lettres de personnes qui remercient le voyant de les avoir "sauvés" d'une noyade symbolique.

Casser le processus d'échec

Pour mieux comprendre l'effet d'une consultation de voyance, plongeons-nous dans son univers. Tout d'abord, comment trouver le "bon" voyant ? Il faut un peu de patience et utiliser les canaux du bouche à oreille.

Le "bon" voyant ne fait pas de publicité. Il reçoit maintenant souvent en ligne, via des sessions de vidéoconférence, ce qui renforce sa crédibilité tout en respectant la commodité du consultant.

Il ne porte ni robe d'apparat ni turban, et ne décore pas sa table d'une boule de cristal. Le seul support qu'il s'autorise, ce sont les cartes, jeux de tarot ou cartes personnelles. Elles sont "un pont" entre les deux inconscients du voyant et du consultant, et permettent une description plus juste des énoncés de voyance.

Le voyant demande au consultant qui arrive chez lui de garder le silence, pour ne pas être lui-même "influencé". C'est un test pour savoir s'il le 'capte" bien.

Puis il commence par faire le tour de sa personnalité. « Je propose à la personne une lecture de son passé. Je lui montre ses potentialités, la mets en contact avec ses forces profondes », décrit Maude Guichard. « À travers l'aura de la personne, on peut se rendre compte de ce qui ne va pas. J'explique ce que le consultant ressent. »

« On retravaille ensuite les échecs traversés. On casse le processus d'échec, en traversant symboliquement une porte, derrière laquelle le consultant pourra modifier ses habitudes, son attitude, sa pensée. Pour y parvenir, il est nécessaire de déculpabiliser le consultant de ses échecs.»

Faire remonter les émotions avec la voyance

Le voyant se montre comme le révélateur des émotions profondes du consultant. Il est un traducteur, dans la mesure où il tente de réunir les éléments épars du puzzle personnel et d'en faire le lien avec la réalité du consultant. Toujours avec des mots que le consultant est à même de comprendre et dans le respect de l'autre.

« Hier, une femme est venue me voir. Elle n'est pas heureuse dans sa vie sentimentale. Elle ne comprend pas pourquoi elle tombe toujours sur le même type d'hommes. En lui tirant les lames du tarot, je m'arrête sur la maison-dieu, qui signifie la destruction, quelque chose de "désossé", l'échec. J'ai alors un flash et lui demande si son père a un problème avec la boisson.  Elle me répond qu'en effet son père est alcoolique et violent. Elle réalise alors subitement pourquoi elle "choisit" des hommes immatures, incapables de se prendre en charge, voire violents », raconte Maude Guichard . La voyance a provoqué une prise de conscience subite.

Comprendre le problème pour mieux le résoudre

Maude raconte l'histoire de cette femme, artiste, inquiète de savoir si elle va réussir dans son art. « Elle avait consulté d'autres voyants dont les prédictions l'avaient découragée. Je lui dis que je vois une blessure par rapport à l'image masculine, qui peut peser sur sa créativité. Elle m'avoue alors ne pas être heureuse avec son mari. Qu'elle n'a jamais éprouvé de plaisir dans l'acte sexuel. Puis je vois un petit garçon, autour d'elle, comme une menace de mort ? »

« Elle ne comprend pas l'image. Enfin, elle m'explique qu'elle a une sœur jumelle (qui connaît apparemment des problèmes similaires). Que toutes deux ont été élevées comme ne faisant qu"'une", parce que leur mère souhaitait un garçon et aurait voulu que son fils soit prêtre. C'est le déclic immédiat. Ma consultante m'a écrit quelque temps plus tard. Sa vie avait changé, elle venait de rencontrer un autre homme. Elle m'a remerciée en me disant : « Maintenant, j'ai envie de vivre. »

Cette femme avait en outre passé plusieurs années en psychothérapie, sans avoir pu dénouer ce problème. Tout comme cet homme qui n'avait jamais pu exprimer l'inceste dont il avait été victime. La voyance a fait remonter l'événement jusqu'à lui, le libérant d'un poids qui rendait impossibles ses relations avec sa famille. Il a poursuivi sa psychothérapie et s'en est sorti.

Il faut avoir confiance en son voyant

Le climat de confiance, qui s'est installé entre le voyant et son consultant, est propice à une plus grande sensibilisation de la part du consultant. « Enfin, quelqu'un qui comprend ce que je ressens ». La parole du voyant est teintée d'une aura. Elle a un pouvoir magique intrinsèque. Lorsque le voyant décrit avec précision les épreuves que vous avez traversées, vous êtes déjà plus réceptif à ses prédictions.

En outre, le consultant porterait déjà en lui les réponses à ses questions. Il viendrait simplement chercher "confirmation" de ses propres attentes chez le voyant. Ce dernier ne serait alors que le véhicule de son désir inconscient.

« Un jour, j'ai prédit à un homme qu'il risquait d'avoir un accident, le mois suivant. Cet homme a "emporté", avec lui, l'événement annoncé chez un psychothérapeute. Ensemble, ils ont travaillé sur la force de prédiction de cet accident, ce qu'il pouvait représenter dans sa vie, ce qu'il signifiait. Et l'accident n'a pas eu lieu », rapporte Maude Guichard.

La prédiction doit être expliquée

Il ne s'agit pas ici de remettre en question le flash du voyant, mais de mettre en exergue le mental du consultant qui reçoit, accepte ou n'accepte pas de voir une prédiction se réaliser. « Tout est écrit, mais l'homme reste, malgré tout, libre de ses choix, libre de devenir ou pas ».

Parce que la force de prédiction est réelle, le voyant doit faire très attention quant à l'énoncé d'une voyance, surtout si elle n'est pas agréable à entendre. Il y a la manière de le dire et, surtout, il faut soulager l'événement de sa charge émotionnelle directe. Expliquer, démystifier.

« C'est pour cela que la voyance doit être exercée dans un but positif. Mon travail consiste à aider le consultant à se reconstruire, à se structurer, pas à le déprimer ! », confie Maude.

La foi en la parole du voyant peut être un puissant déclencheur thérapeutique. Tout comme la parole du médecin, du professeur, de toute personne détentrice d'un savoir et d'un statut reconnus.

Reconnaître l'effet thérapeutique de la voyance n'est pas la juger toute-puissante. Elle est une voie à explorer, qui peut faire du bien. Un chemin, aussi, vers plus de spiritualité.

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