Chagrin d’amour : les différentes étapes pour s’en remettre

Une rupture n’est jamais anodine. Elle peut avoir des conséquences dramatiques, surtout chez les adolescents. Témoignages et conseils pour rebondir sans trop se blesser. Tout en douceur.

Illustration Jeune Couple Ayant Une Rupture

1. Problème de cœur : comprendre la douleur de la rupture amoureuse

Si l'on n'est pas à égalité devant l'épreuve de la rupture, personne ne peut se prétendre armé contre le chagrin d'amour. D'abord parce que, selon les psychanalystes, ce chagrin renvoie à celui, toujours douloureux, éprouvé par tout enfant lors de sa première séparation avec sa mère/son père. Ensuite parce que l'intensité du "choc amoureux" est directement proportionnelle au degré d'engagement dans la relation amoureuse. Si l'on n'est pas engagé très profondément, les "dégâts" seront moindres et moins durables.

De même, la durée de l'histoire d'amour a son mot à dire. Ainsi, les personnes qui ont vécu ensemble ou se sont fréquentées pendant un an sont moins longtemps et moins sévèrement ébranlées par le choc amoureux que celles qui sont restées en couple pendant des années. Et puis, les femmes et les adolescents sont plus vulnérables face à un chagrin d'amour.

2. L’état de choc après la rupture

Selon une étude, femmes et hommes seraient autant affectées par les chagrins d’amour. Les adolescents sont des "sujets à hauts risques". À l'âge où l'on souffre souvent d'un mal-être généralisé et où l'on a du mal à trouver sa place, l'amour représente un idéal. Se lancer dans une histoire d'amour est leur "seule raison de vivre". Plus rien ne compte : ni le lycée, ni les avertissements des parents ou des professeurs. Et si cet idéal vient à se briser, c'est la chute. Un jeune qui vit un chagrin d'amour doit d'ailleurs toujours être pris au sérieux.

Pour s'en convaincre, il suffit de savoir que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans et, parmi les événements catalysants de ces drames, une déception amoureuse ou une rupture sont souvent retrouvées. Une priorité : commencer par s'armer de patience car on aura besoin de temps.

Selon les spécialistes, la durée moyenne de guérison serait d'environ 6 mois à 1 environ, les deux premiers mois étant vécus comme les plus "ravageurs".

Dans un premier temps, on est en "état de choc". On se sent dans une immense détresse et la souffrance morale s'accompagne de symptômes physiques qui rendent la vie insupportable : insomnies, nausées, etc. L'esprit est entièrement tourné vers celui/celle que l'on aime. Et quand on effectue les tâches quotidiennes, c'est toujours de façon mécanique, routinière.

"M'habiller, me laver, prendre le bus, faire mes courses... tout cela, je ne le faisais que par automatisme", se souvient Valérie. "En parler à une amie qui, elle aussi, était passée par là m'a aidée à passer ce cap... Ce qu'elle me racontait correspondait exactement à ce que je vivais. Ma réaction n'était donc pas unique puisque d'autres avaient ressenti les mêmes symptômes. Cela ne les avait pas empêché d'aimer à nouveau. Lorsque j'ai compris que ma souffrance ne durerait pas éternellement, j'ai renoncé à mes idées suicidaires", poursuit-elle.

3. Comprendre "pourquoi" pour mieux guérir d'un chagrin d'amour

Quand je raconte à mes patients ce qu'ils sont en train de vivre et ce à quoi ils doivent s'attendre par la suite, ils réagissent comme s'ils étaient soulagés d'un terrible fardeau. Dès qu'ils comprennent la dynamique de leur chagrin d'amour, les choses leur semblent claires

écrit le docteur Gullo.

Ce qui les aide à contrôler leurs appréhensions, c'est de savoir également qu'ils ne sont pas les seuls à être passés par là et que les autres ont réussi à en guérir. Mais ce qui les rassure peut-être plus que tout, c'est d'apprendre que l'intensité de leur douleur morale et affective s'atténuera avec le temps pour disparaître totalement.

Mais pour cela, il est des étapes à franchir, et chacun le fera à sa propre vitesse... Reste que savoir pourquoi l'on souffre, c'est déjà moins souffrir. Connaître les différents stades qui vont jalonner sa guérison peut aider à mieux les vivre, sans tomber dans les comportements-pièges, tels que la boulimie, l'alcoolisme ou la drogue, ni s'enfoncer dans une longue dépression.

4. Combien de temps dure un chagrin d'amour ?

La période de tristesse consécutive à une rupture amoureuse s'étend, en moyenne, sur une durée de six mois,

indique le Dr. Marc Bonnet, psychologue et thérapeute de couple.

Il souligne que le chagrin d'amour ne se limite pas à celui qui est rejeté ; il affecte également l'initiateur de la séparation.

Ce sentiment si dure à contrôler, varie selon l'historique émotionnel et la personnalité de l'individu. Par exemple, ce chagrin peut persister pendant des années si l'individu présentait une forte dépendance affective ou si sa vie sociale était insatisfaisante.

En contraste, une personne qui jouit d'une vie plus équilibrée ou qui bénéficie d'un meilleur soutien social peut traverser les phases inévitables du chagrin d'amour - le déni, la colère, l'auto-dépréciation, le découragement, l'acceptation et finalement la reconstruction - avec plus de sérénité.

La résilience face au chagrin d'amour : une question d'âge et d'expérience

Le chagrin d'amour est une épreuve universelle que tout le monde peut traverser, cependant, la manière dont nous la traversons peut varier avec l'âge. Avec le temps, l'expérience devient souvent une défense contre l'intensité de la souffrance : bien que la douleur reste présente, notre vécu antérieur nous dote de plus d'outils et de moyens pour affronter cette émotion.

5. Extérioriser sa colère après un chagrin d’amour

Passé "l'état de choc" qui dure rarement plus d'un mois, arrive la phase de "chagrin" proprement dite, celle où l'on se dit que tout est perdu : la personne aimée, soi-même, les moments partagés, les rêves, les promesses faites... On est débordant d'amour mais l'on se rend compte que l'autre n'y répond plus, qu'il nous échappe.

"J'ai longtemps cru que mon amour suffirait à relancer notre histoire. Je lui téléphonais, m'arrangeais pour le revoir 'par hasard"... Mais dans une relation amoureuse, il faut être deux !" confie Agnès.

Pleurs, lamentations, irritabilité, rendant les relations difficiles avec les proches - même ceux qui voudraient "bien faire" - vont ponctuer ce stade du chagrin où certains peuvent rester bloqués. Dans ce cas, une aide extérieure s'impose pour éviter de stagner et de tomber dans une véritable dépression.

Puis, arrive le stade dit de reproches. Psychologiquement, on a besoin de comprendre ce qui s'est passé et on se pose une foule de questions "Quelle erreur ai-je commise ? Qu'est-ce qui n'allait pas ?". On se prête à un examen de conscience, en même temps que l'on examine les événements extérieurs qui pourraient être en cause : travail, soucis de santé, changement de mode de vie...

À ce stade, c'est habituellement la colère qui va de pair avec la peine. Si l'on se considère responsable de la rupture, notre colère se retourne contre nous. Si l'on rejette la responsabilité sur l'autre, c'est lui que l'on va accabler de reproches. Cette "hargne" est plutôt saine car, extériorisée, elle est susceptible de faire sortir la personne de son chagrin.

Le quatrième stade est celui de la résignation. Peut-être le plus difficile, car il exige de mobiliser toute l'énergie que l'on avait investie dans sa relation pour s'en libérer... C'est le moment où l'on se dit : "Cette fois, c'est fini. Il faut que j'accepte qu'il/elle ne fasse plus partie de ma vie et que j'aille au-delà". Une étape où l'on doit se forcer, s'obliger à lutter pour entreprendre le travail de reconstruction.

6. Retrouver goût à la vie après votre séparation

Ce travail, on l'assimile à celui que fournit une personne qui a eu une jambe cassée et qui, une fois la fracture ressoudée, doit réapprendre à marcher... La plaie est cicatrisée mais il faut se refaire une santé, reprendre confiance en soi. On se surprend à retrouver goût à la vie. D'ailleurs, c'est un stade où l'on devient plus égoïste car on se focalise sur ses propres besoins ("Enfin, j'ai à nouveau droit au bonheur ! "). Encore conscient de sa souffrance, on commence à entrevoir ce que la rupture a apporté de positif.

Car, oui ! Il est possible de sortir "grandi" d'un chagrin d'amour et de repartir sur de nouvelles bases, plus solides. C'est le stade de la résolution : On fait la paix avec sa douleur et il n'est pas rare que l'on se lance dans une nouvelle aventure amoureuse...

Affronter ses peurs, celle de souffrir, mais aussi la crainte de la solitude, du silence, de son impuissance demande non seulement du temps mais aussi de la force et il n'y a aucune honte à se sentir trop faible pour s'en sortir seul. L'oreille attentive et les conseils avisés d'un psychothérapeute peuvent être d'un grand secours pour faire face à un sentiment d'échec. Et savoir quand on est prêt pour une nouvelle histoire... d'amour.

7. Chagrin d'amour-propre ?

Être quitté provoque, en plus de la douleur du lien qui se brise, une blessure narcissique d'autant plus difficile à guérir que l'on n'a pas, au départ, suffisamment d'estime pour soi. "Je ne l'aime plus" devient "Je ne suis pas digne d'être aimé" et l'on reste dévalorisé.

C'est cette blessure narcissique qui fait la différence d'avec le chagrin que l'on éprouve quand la personne aimée meurt (le chagrin de deuil). En effet, dans les deux cas, elle nous quitte mais en cas de décès, celui qui reste n'est pas dévalorisé. Si, après une séparation, la blessure narcissique prend une forme exacerbée, il ne faut pas la négliger mais, au contraire, s'appliquer à la guérir pour réapprendre à s'aimer soi-même, puis à aimer les autres...

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